FIAN Suisse demande un soutien à l’agriculture locale, la réouverture des marchés en Suisse et des mesures forte en faveur de la souveraineté alimentaire

FIAN Suisse a noté avec consternation les mesures prises par la Confédération pour « atténuer les conséquence de la crise sur l’agriculture ». Le 1 avril 2020, le Conseil fédéral a décidé d’octroyer un crédit à la filière bouchère et d’assouplir les dispositions régissant les importations d’aliments. Il a préalablement interdit la tenue des marchés (17 mars 2020) qui sont une source de revenus rémunérateurs pour plus de 20% de petit.e.s paysan·ne·s et artisan·e·s, ainsi que la vente de plantons et semences, qui ne sont apparemment pas considérés comme des biens de première nécessité.

Alors que l’on constate la fragilité des systèmes devant garantir nos droits fondamentaux (alimentation, santé, éducation, logement,…) et le manque d’autonomie dans notre approvisionnement, la priorité doit être de renforcer nos filières locales et de garantir des conditions de travail dignes aux personnes qui nous nourrissent, nous soignent et nous protègent.

Empêcher les paysan·ne·s et artisan·e·s d’écouler leurs produits et recommander à la population de s’entasser dans les supermarchés est un non-sens. De nombreuses paysan·ne·s et artisan·e·s indépendant·e·s ne peuvent vendre leur production et risquent la faillite alors que les points de vente de produits locaux sont assaillis par les personnes faisant le choix de ne pas dépendre de l’agro-industrie. La Chaux-de-Fonds montre l’exemple en adoptant les mesures sanitaires permettant la réouverture des marchés (communiqué 3.4.2020). FIAN demande donc la réouverture des marchés dans toute la Suisse avec les mesures sanitaires adéquates.

De même, autoriser la vente de semences et de plantons pour la saison qui s’annonce est indispensable pour garantir une production locale, résistante et diversifiée. Genève vient d’adapter ses mesures pour le faire (communiqué 3.4.2020). FIAN Suisse encourage les autres cantons à faire de même.

Par ailleurs, de nombreuses personnes dépendent de l’aide alimentaire en Suisse (plus de 13’000 personnes par semaine reçoivent une aide de l’association Partage à Genève). Malgré les conditions actuelles, il est primordial que cette aide respecte le droit à l’alimentation et à la nutrition adéquate. L’aide alimentaire en nature ne garantit pas la réalisation du droit à l’alimentation car les personnes n’ont pas toujours la possibilité de choisir une nourri­ture qui soit adéquate, notamment du point de vue nutritionnel ou culturel et qu’elle est généralement mal vécue par les usa­ger·e·s. Le droit à l’alimentation implique que les États fassent en sorte que les politiques salariales ou les filets de sécurité sociale permettent aux personnes de se procurer elles-mêmes des aliments en quantité et qualité suffisante.

En septembre 2018, 60% de Genevois·e·s ont accepté l’initiative pour la souveraineté alimentaire qui proposait une agriculture plus écologique, solidaire et de proximité. Même cette initiative fédérale n’a pas passé la rampe au niveau national, il est grand temps de mettre en place des me­sures au niveau cantonal. Une multiplication des fermes (familiale ou collective) diversifiées qui nourrissent les personnes à proximité per­mettrait un renforcement des circuits courts, une meilleure traçabilité et une réduction des transports. Nous voulons une agriculture qui assure, par des prix rémunérateurs, des revenus équitables aux paysan·ne·s comme aux employé·e·s agricoles et garantisse aux jeunes un accès à la terre. Ce système permet reconnecter les consomma­teur·trice·s et producteur·trice·s et d’offrir de nouvelles formes de solidarité qui nous permettent de reprendre le contrôle sur notre alimen­tation, et de faciliter l’accès aux produits sains et savoureux, également pour les personnes en situation de précarité. Cette voie permettrait également de redynamiser le secteur agricole et des artisan·ne·s de la région (transformation, restauration et commer­cialisation) et d’offrir un projet profession­nel valorisant aux jeunes d’ici et d’ailleurs.

« Les alliances entre les secteurs vulnérables de la société, les petits producteurs d’aliments et les consommateurs sont indispensables pour promouvoir le commerce équitable et une alimentation saine. » (voir communiqué de la Via Campesina 25.03.2020)