Droits des paysans et paysannes / Projet au Burkina Faso

Un pas historique vers une meilleure protection des droits des familles paysannes

Le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à adopter le 28 septembre 2018 une déclaration qui protège les droits des familles paysannes et des autres personnes travaillant dans les zones rurales, notamment celles qui pratiques la pêche artisanale et l’élevage nomade. L’Assemblée générale des Nations Unies à New York l’a adoptée à son tour le 17 décembre 2018.

La déclaration est d‘une grande importance symbolique pour les personnes qui travaillent dans les zones rurales. « Pour nous, l’adoption de la déclaration témoigne du respect qui est accordé à notre travail », dit Elizabeth Mpofu, coordinatrice générale du mouvement paysan international La Via Campesina qui représente 250 millions de paysannes et paysans à travers le monde.

Elizabeth Mpofu a fait le voyage depuis le Zimbabwe pour faire entendre la voix des paysannes aux Nations Unies. Elle fait partie d’une délégation internationale qui s’est mobilisée pour cette déclaration. « Nous nourrissons le monde et subissons en même temps de graves discriminations », poursuit-elle. La déclaration va guider les États et les aider à mettre en place des politiques plus efficaces pour lutter contre la faim et la pauvreté. L’agriculture familiale doit être mieux soutenue, et la reconnaissance et le renforcement des droits des familles paysannes en est la clef. En Afrique, en Asie et en Amérique latine, chaque jour des paysans et paysannes qui luttent pour leurs droits sont menacé·e·s ou assassiné·e·s.

La Suisse a voté en faveur de cette déclaration. Alors qu’en 2012, elle ne voyait pas le besoin pour une telle déclaration, une large campagne portée par la société civile et des parlementaires a mené la Confédération à développer une démarche proactive. Elle a participé de manière positive aux efforts du groupe de travail intergouvernemental qui a travaillé pendant 6 ans sur le texte de la Déclaration.

Pain pour le prochain, Action de Carême, Uniterre, EPER, SWISSAID, CETIM et FIAN Suisse sont engagés pour cette Déclaration aux côtés de leurs partenaires du Sud depuis de longues années. En Suisse, les familles paysannes travaillent souvent dans des conditions très difficiles. Chaque jour, deux à trois fermes disparaissent, pendant que des jeunes, sans terre agricole mais motivé·e·s par le travail de la terre, n’ont quasiment aucune chance d’accéder à un lopin de terre.

La déclaration de l’ONU reconnaît le droit à la terre et le droit aux semences. Ces droits sont d’une importance primordiale pour les familles paysannes. Les semences paysannes ne cessent de disparaître au profit des semences brevetées, modifiées (OGM entre autres) qui appauvrissent la biodiversité et sont plus chères. Le lobby puissant des semenciers fait pression sur les gouvernements.

« Les discussions les plus vives sur la Déclaration au sein du gouvernement suisse ont concerné l’article qui reconnaît le droit aux semences des familles paysannes », dit Michelle Zufferey, secrétaire syndicale à Uniterre. « C’est pourquoi nous nous réjouissons qu’aujourd’hui la Suisse ait donné un signal positif au monde paysan en votant en faveur de la Déclaration ».

► Déclaration sur les droits des familles paysannes et des autres personnes travaillant dans les zones rurales


Vulgariser et promouvoir les droits des paysan·ne·s au Burkina Faso

La section de FIAN au Burkina Faso a participé activement au processus d’élaboration de la Déclaration, notamment en participant à la session de négociation à l’ONU à Genève en 2017 grâce à un financement du Service de la solidarité internationale (SSI) du Canton de Genève.

Après l’adoption de la Déclaration, l’idée de promouvoir ce texte au Burkina Faso a germé. Avec l’aide de FIAN International un projet a vu le jour. Ses objectifs sont de :

  1. Sensibiliser les paysan·ne·s et les organisations paysannes sur leurs droits inscrits dans la Déclaration par sa vulgarisation.
  2. Renforcer la capacité des paysan·ne·s à plaider pour sa mise en œuvre
  3. Amener les institutions locales, nationales et sous régionales à prendre en compte les droits des paysan·ne· s dans les politiques agricoles 

Ce projet de 2 ans (décembre 2019 – novembre 2021) a reçu le soutien financier du Service de la solidarité internationale (SSI) du Canton de Genève et a démarré au mois de décembre 2019.

Les activités prévues sont principalement des ateliers de sensibilisation : à l’attention de 30 paysan·ne·s appartenant à des organisations paysannes de base, partenaires de FIAN Burkina Faso à l’échelle nationale (5 zones géographiques) ; à l’attention des autorité locales, ministérielles, religieuses et coutumières ; des parlementaires nationaux en charge de l’agriculture, des droits humains et de l’égalité homme-femme. Deux conférences regroupant ces différents acteurs seront également organisées, de même qu’une rencontre annuelle avec les organisations paysannes et les représentant.e.s de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) et de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine est une organisation ouest-africaine) au Burkina Faso. Une étude analysant les lacunes légales au Burkina Faso concernant la réalisation effective des droits de paysan·ne·s sera menée et proposera des modifications légales à effectuer pour la mise en œuvre de la Déclaration sur les droits des paysan·ne·s.

Ce projet est essentiel au Burkina Faso du fait de la nécessité d’agir pour le maintien des ressources productives entre les mains des paysan·ne·s victimes de plus en plus d’accaparement de terres, de la marchandisation du système semencier et de la menace des OGMs. FIAN Burkina en tant que coordinateur de la Plateforme nationale sur la Convergence Globale des Luttes pour la Terre et l’Eau (CGLTE-AO) pour lutter pour la terre, l’eau, les semences paysannes et l’agroécologie paysanne est un partenaire privilégié pour disséminer le texte de la déclaration au Burkina Faso et élaborer une stratégie pour sa mise en oeuvre concrète.